vendredi 1 juin 2007

Petit traité d’exo-psychologie

Pour ceux qui croient qu’il existe d’autres civilisations dans l’univers et que, sans nul doute, elles nous ont à l’œil (les plus pessimistes diraient « circulez, y’a rien à voir »), je crois qu’il est grand temps que nous nous penchions sur une nouvelle branche – l’exo-psychologie (quitte à la scier pendant qu’on est dessus).

C’est une branche qui peut s’avérer cruciale dans nos communications avec l’autre. Possiblement fondamentale. Car il faut l’admettre, tout est possible.

Une autre civilisation arrive-t-elle à la même conclusion sur le bien et le mal?
Voit-elle un univers binaire, manichéen (constante opposition entre deux forces opposées)?
Considère-t-elle les choses par degrés ou à leur état pur?

Bien sur vient aussi la question animale; ces extraterrestres sont-ils émotifs, ont-ils, comme dans les bons vieux films de science-fiction, privilégié l’intellect sur l’émotif? Ou font-ils le chemin contraire; partir du cérébral à la recherche de l’émotif? Ou encore sont-ils sur un plateau supérieur, qui nous est encore inconnu ou que nous ne connaitrons jamais? Ou bien sur un plateau inférieur, que nous ne pourrons sonder (alors là je doute mais enfin).

On peut même se demander s’ils ont une forme de pensée linéaire comme la nôtre. Peuvent-ils penser plus d’une chose, plus d’un flot de pensées à la fois? Ceci est sans nul doute fort probable. Pensent-ils en fonction d’un début et d’une fin, d’un objectif? Visualisent-ils ce qu’ils pensent (assument qu’ils ont le don de vision)?

Sans des réponses à ces questions, la communication, la compréhension même de toute communication ne peut être que complètement faussée. En tout cas, tout aussi faussée que ce que nous proposent les grands médias, qui n’ont cesse d’y aller avec des interprétations bonbon où à la saveur du jour. (Juste surpris qu’on ne leur a pas encore collé le mot ‘terroriste’. Attendez, ça s’en vient ça s’ra pas long … des extraterrestres barbus qui posent des bombes … ahlalala quel monde canon …)

Et ça c’est assumant qu’il y ait envie de communication du tout.
Si nous prenons exemple sur les chercheurs qui expérimentent sur les animaux de laboratoire, je n’ai pas encore vu une étude qui faisait état d’une tentative de communication véritable. La plupart du temps c’est « tais-toi pendant que je te pique à l’isotope radioactif » ou une imposition de NOTRE système de communication. En d’autres mots, le fossé intellectuel peut être trop grand; imaginez 10,000 ans de différence … il s’en règle des choses avec une si grande enjambée. Assez pour ne plus trouver rien d’intéressant à échanger.

On assume par ailleurs que s’ils nous visitent, ils sont animés par une folle envie de savoir quelque chose. Qu’ils ont de l’ambition, en quelque sorte. Ceci peut être révélateur d’au moins une chose – on se donne trop de crédit. Et s’ils parcourraient l’univers dans le but de se faire une bête armée d’animaux de labo, et que nos structures sociales, nos mœurs et nos petits chemins de vie étaient pour eux aussi excitants que la vie des lépidoptères. Les quoi? Justement.

Mais trêve d’humour tout à fait sans intérêt, il reste que je reste convaincu que le pire problème auquel nous serons confrontés lors d’un premier contact officiel est bien sur notre tendance à l’anthropomorphisme, c’est-à-dire notre vilaine habitude à chercher des ressemblances à nous partout où nous regardons. Et bien sur ceci nous mènera vers les interprétations les plus farfelues; croire qu’il y a de l’intérêt pour nous alors qu’il n’y en a pas, croire que nous sommes d’intérêt alors que c’est peu probable, croire qu’il peut y avoir un échange significatif.

Tout ceci peut sembler, à priori, fort déprimant mais ce n’est pas le cas; il s’agit de rester réaliste et de se dire que c’est NOUS qui avons quelque chose à apprendre. Alors à savoir s’ils ont envie de devenir tuteurs ou professeurs, il faudra trouver une manière de leur demander. Et espérer que cela soit dans leurs cartes ou que cela soit convenable dans une conversation de ce genre.

En tout cas, une chose est sure, un premier contact officiel ne sera pas sans conséquences. Si ce n’est que pour le fait qu’il nous remettra finalement en perspective avec notre réelle grandeur; il ne faut surtout pas oublier la belle leçon d’histoire fournie par nos ancêtres – la terre, finalement, n’est pas au centre de l’univers. Elle n’est même pas au centre de notre système solaire. Et finalement elle pourrait s’avérer être un simple arrêt de campagne sur un trajet ponctué de grandes gares centrales.

C’est le cas de le dire, l’exo-psychologie c’est surtout pour nous – parce que des grands traumatisés il y en aura à satiété si jamais le contact se concrétise.

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