lundi 16 juillet 2007

Un Québec déchiré

Tout comme mon père, qui craignait de manquer de tout parce qu’il avait vécu la deuxième guerre mondiale proche du front, je crois que les québécois d’aujourd’hui sont marqués par leur histoire et leur conditionnement.

En un premier temps on ne peut pas démentir ce profond tiraillement qui existe entre le socialisme (image de la famille québécoise) et le capitalisme (image de l’individu qui réussit). Non seulement nous sommes fondamentalement méfiants de l’argent (et avec raison) mais nous avons été conditionnés à l’idée que l’état au service du citoyen était un rêve impossible, voire déraisonnable. Nous sommes pris au piège entre un néolibéralisme délirant et un retour en arrière de la collectivité, un refus de l’idée du bien-être collectif. Pas le genre de situation qui donne la paix d’esprit.

D’autre part, les québécois sont perpétuellement transportés par le tsunami des grandes crises. Crise des commandites, crise économique (le déficit ça vous dit quelque chose), crise de la mondialisation, crise identitaire, crise d’urticaire … on ne finit pas une crise qu’on arrive dans une autre. Et le tout va en accélérant. Le Québec se vend, s’exporte, se détériore quotidiennement sous nos yeux pendant qu’on travaille de plus en plus fort pour éviter que ça arrive. Le Québec n’a pas eu une bonne nuit de sommeil depuis longtemps.

Tout comme nos voisins sont tenus en haleine par la peur (phantasme?) du terrorisme, les québécois sont tenus en laisse parce qu’ils ont peur de s’affirmer. Entre les ténors de l’économie qui considèrent avec dérision tout ce qui n’émane pas du veau d’or et les grands manitous qui dénoncent l’état providence comme un mythe, il ne reste pas beaucoup de place pour crécher.

Il reste, en fait, juste assez de place pour un petit pain et des petits achats de misère, une ceinture fléchée et une plume dans l’cul comme dirait Falardeau.

Pas de surprise alors si les québécois dépensent n’importe comment; coincés entre les idéologies et les grands discours, ils consomment comme des poules promises à l’abattoir. Amen.

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