lundi 12 novembre 2007

Dubuc et les crises d'urticaire

Dubuc m'a toujours causé de terribles crises d'urticaire. Et en plus de m’être profondément antipathique, il vient aujourd'hui de me piquer une idée que je considère depuis fort longtemps. L’idée que tout le débat politique commence, depuis le début des années 80, au centre, plutôt que de s’étaler sur toute la largeur du spectre politique.

Fini le temps où le citoyen demandait justice et égalité. Aujourd’hui il demande simplement d’en avoir assez pour remplir sa gamelle. L’idée d’en demander plus lui est insupportable.

Toute demande sociale, toute demande qui coûterait à la nouvelle économie, est impensable. Elle se trouve dans le no man’s land politique, bien à gauche du centre. Rares sont les politiciens qui désirent s’y aventurer. Tous préfèrent le vert pâturage de l’allégresse économique : on chante les vertus d’un gouvernement qui gouverne moins dans le domaine des affaires, promettant des retombées pour tout citoyen qui s’aligne. Mais ce que le gouvernement perd à la grande entreprise il récupère chez le citoyen. Avec ou sans son consentement.

Le système est d’ailleurs ainsi fait qu’aujourd’hui on ne doute plus de la validité de couper dans la santé et l’éducation, même si cela risque de mettre en péril les générations futures. Tous les partis qui se succèdent finissent tous par blâmer le parti précédent pour d’horribles trous dans l’économie, forçant ainsi un reniement immédiat des promesses électorales et l’adoption de mesures d’austérité pour le citoyen. Et tout le monde semble trouver ces mesures complètement légitimes.

Pendant ce temps, le PQ, ayant migré dans le vert pâturage de l’économie à tout crin, devient soudainement fort mal à l’aise avec la souveraineté, ce projet de société qui relève du no man’s land politique actuel. Même sans l’aide des médias, les citoyens ont appris que la souveraineté est une demande excessive, une demande que la nouvelle économie ne peut tolérer. Et ils évitent le no man’s land politique comme la peste. Vaut mieux la sécurité d’un gouvernement qui répète les mêmes promesses de prospérité ad nauseam, même s’il pue la corruption.

Donc Dubuc a raison. Le PQ est à droite. Et il se sabre lui-même dans ce territoire. La souveraineté a toujours été un projet social, un projet pour le grand nombre avant tout. Et ce projet ne peut jamais voir le jour dans de telles conditions. Et cela, Dubuc et Gesca le savent. Et ils célèbrent quotidiennement l’absence de tout projet social significatif au Québec. Et ils célèbrent cette moitié de ciel politique qui joue toujours en leur faveur.

Article publié sur le site de Un homme en colère.

dimanche 11 novembre 2007

Le délire de l’économiste

En réplique à un article dans le Journal de Montréal: Délire kafkaïen

Ce n’est rien de personnel mais … manifestement, vous prenez le prix Nobel comme un signe venu du ciel, une indication claire que tout récipiendaire est nécessairement de bonne foi. Ainsi, dans votre article « Délire Kafkaïen », vous citez Milton Friedman et ses théories (néolibérales) sur l’état et son prétendu problème avec la gestion du bien du peuple.

Mais ce que vous négligez de mentionner à votre lectorat, c’est le fait que les Chicago Boys - c'est-à-dire l’équipe de Milton Friedman - sont plus que partiellement responsables des cafouillis économiques, politiques et civiques au Chile (et je suis gentil). En fait, il n’y a qu’à mentionner que Friedman était un fervent admirateur d’Augusto Pinochet et qu’il a longtemps prôné l’idée qu’une dictature faisait bon ménage avec les principes du capitalisme pour qu’on sache ce qu’il pense de ceux qui font vraiment avancer l’économie (…).

Ah mais bien sur monsieur a un prix Nobel! Ceci est censé donner à monsieur une auréole de saint dévoué à la cause humaine, d’individu complètement désintéressé par le gain personnel. Je n’ai jamais vu le portefeuille de monsieur Friedman mais je reste convaincu qu’il l’a laissé bien garni. Qui plus est, un prix Nobel est plus un don politique qu’il est une véritable indication du mérite de la personne. À noter Al Gore, qui ayant voté toute sa vie pour des propositions polluantes, déchire sa chemise, fait un film et soudainement le voilà un vert intégral. C’est pourtant un politicien rompu au mensonge et à l’obfuscation, en plus d’être un bon acteur. N’oublions pas non plus le cas de Madeleine Albright, qui peu de temps après avoir dit qu’elle n’hésiterait pas à réimposer l’embargo Irakien malgré les 500,000 enfants décédés (noter : aucune demande de destitution!!!), s’est vue nominée pour un prix Nobel, qu’elle n’a pas – à mon grand soulagement – gagné. Finalement, ne taisons pas la véritable nature de ce prix; Alfred Nobel, fatigué d’avoir l’invention du TNT sur sa conscience, a voulu se racheter en se frottant aux plus grandes lumières de la civilisation, question de donner l’impression qu’il a participé lui aussi à cette élévation. Un précurseur du « spin » moderne, quoi (et le fait que ce prix fasse partie de sa dernière volonté ne fait que rendre l’histoire encore plus sordide).

D’autre part, dans la mesure où cela concerne l’article, le problème de l’état n’est pas que la fameuse agence routière ait ou non raison d’être ou qu’elle soit ou non efficace. Le problème est bien plus fondamental. Quel est l’objectif de l’état? C’est de gérer les choses que le citoyen ne peut gérer lui-même. En d’autres mots, l’état doit être une sorte d’ange gardien, de protecteur du citoyen. Or quel rôle se donne l’état depuis 30 ans? Il est devenu meneur de claques du développement économique et défenseur de son image publique. En d’autres mots, un gouvernement qui sombre de plus en plus, à chaque jour, dans l’extrême droite. La preuve, depuis 1980 on n’en finit plus de couper dans la santé et l’éducation, peu importe le parti et les promesses électorales. Et quel rôle la grande entreprise voudrait-elle que le gouvernement épouse (dixit Milton Friedman)? Un état qui se tasse sur la bande quand la grande entreprise passe, même si cela veut dire laisser le citoyen à lui-même. Pas très édifiant. Et l’argumentation de Friedman pour justifier sa position est dans le meilleur des cas risible et fausse. Si on suit le raisonnement jusqu’au bout, il n’y a que les États-Unis qui représentent le meilleur modèle. Tout le reste serait voué à l’échec. Un autre bel exemple d’« étasunocentrisme » si jamais il y en eu.

Il en résulte donc un retour à la loi de la jungle, une loi à laquelle vous souscrivez quand vous prenez pour les idées de Friedman. Une loi que nous devrions embrasser sans réfléchir, même si aux États-Unis elle a généré le pire des bourbiers sociaux (et ce n’est pas fini!).

Moi pour ma part je pense que le citoyen vaut mieux que la grande entreprise. Il vaut mieux qu’une économie dynamique et forte. Il vaut mieux que ce néolibéralisme qui fait mouiller les élites (pas les plus intelligents, mais bien sur les plus riches).

Que vaut-il alors? Il vaut un bon gouvernement empreint de discernement, un gouvernement qui ne prend pas position pour une partie ou une autre mais qui se met entre les deux et tente de faire profiter la grande entreprise d’une main d’œuvre qualifiée et qui tente de faire profiter le citoyen de la richesse qu’il génère. Un gouvernement qui, manifestement, ne fait ni l’affaire de Milton Friedman ou des « néolibéraleux » parmi nous. Ils sont bien trop contents avec les gouvernements fantoches que l’on a présentement.

Sans rancune,
Obi Wan Celeri
Homme de la vraie gauche et libre-penseur.

Quand on accuse les clients

En réplique à un article du Trait D'union:
"Sommes-nous réellement vert ?"

Je ne sais pas pour le reste des lecteurs du Trait D’union mais j’en ai raz-le-ponpon des mensonges de l’industrie automobile. À part l’exception, chaque année apporte son lot d’autos qui n’ont pas changé ou si peu, qui consomment autant, qui ont la même durée de vie, qui demandent le même entretien mécanique. Cent ans que le moteur à explosion existe. Cent ans et il n’y a eu aucun changement fondamental – nous brûlons toujours le même bitume et nous polluons toujours avec le même acharnement.

Et pourtant quand on demande à cette industrie ce qu’il est advenu des voitures électriques, des voitures à l’eau, de toutes les découvertes révolutionnaires qui devraient déjà faire partie de notre quotidien, on se défile, on déparle, on accuse les clients.

Car c’est bien ça que vous faites (et je cite) : « c’est la puissance qui vend ». En d’autres mots, vous aimeriez bien révolutionner l’industrie mais le client ne le voudrait pas. Il y a un seul problème avec votre affirmation. Il n’y a pas d’auto révolutionnaire dans le présentoir des concessionnaires, pas de vraie alternative! Il n’y a que des véhicules hybrides minables qui consomment à peine moins que leurs consœurs à pétrole. Des véhicules hybrides qui coûtent plus cher que toutes les économies qu’on pourrait faire sur l’essence. En conclusion, les clients achètent ce qu’il y a et l’industrie annonce publiquement que c’est un signe clair que le client ne veut rien d’autre que le moteur à explosion!

Or quand on démontre que cette industrie a menti, elle commence soudainement à annoncer que l’auto électrique est un phantasme, que ça ne marchera pas, que ce ne sera jamais aussi bon… etc. etc. Or voilà un autre mensonge qui ne tient pas la route. Quand en 1998 GM dévoile la EV1 (dans le silence le plus absolu), elle met sur la route une Saturn électrique qui performe exactement comme une automobile ordinaire. Il n’y a qu’à la brancher le soir. Et aujourd’hui avec la technologie moderne, une voiture comme la Tesla Roadster ou la Silence (produit Québécois!) battent beaucoup de voitures racées (comme les Ferrari et les Porsche), et ces véhicules peuvent être produits en série et vendus à prix raisonnable. Pourquoi faut-il que ce soit des indépendants, sans grande ressource, qui montrent aux grands manufacturiers que l’auto électrique est possible? Voilà la question à 1000$.

Alors pourquoi ne pas dire honnêtement que l’industrie automobile est un dinosaure et qu’elle ne veut pas évoluer? Pourquoi ne pas dénoncer le peu de changement annuels, la stagnation, le manque évident de volonté? Pourquoi ne pas pourfendre cette industrie, qui produit aujourd’hui des véhicules qui consomment autant de pétrole que la vieille Ford Model T? Pourquoi en cent ans ne peut-on pas faire mieux alors que l’informatique, la santé et la totalité de toutes les autres disciplines humaines ont fait des bonds stellaires?

Ah oui c’est clair. À défaut d’être honnête, on blâme le client.

http://www.sonyclassics.com/whokilledtheelectriccar/
http://www.youtube.com/watch?v=nNAktLeDhbE
http://www.youtube.com/watch?v=lcs662uA7zY
http://www.youtube.com/watch?v=Vt1AdfgcNiQ