samedi 30 juin 2007

Les transformateurs à l’heure de la soupe primaire

Réplique à un article de Tristan Péloquin: Réflexion profonde à propos des Transformers

C'est sur que je pédale contre le vent.
Mais j'évite de donner à mon fils des jouets qui impliquent la guerre. Et je n’irai pas cautionner le concept en allant voir le film.

Pas de problème avec un fusil ou même une épée, mais pas intéressé de voir mon fils tripper sur des armes qui ont tué et tuent encore des enfants comme lui.

Dans ce même ordre d'idée, la série ‘transformateur’ représente que trop bien la mentalité épaisse et belliqueuse de nos voisins - tout se règle à coup de canon. Elle représente aussi leur phantasme ultime: l’existence d’un mal absolu contre lequel nous devrions tous nous braquer pour régler tous nos problèmes. Plus primitif que ça, tu te … transforme en amibe de labo.

Rajoutons à ça la mauvaise habitude de mélanger la réalité et la fiction, question de faire plus vendeur. Même les adultes ont de la difficulté à s’y retrouver alors imaginez les enfants!!! Par exemple, le terrorisme, vrai ou faux? Ben souvent je me le demande!

Tout comme une alimentation saine et équilibrée est importante, l'exposition à des idées constructives et réalistes fait des enfants plus intelligents et moins serviles quand ils sont vieux. Et à ce titre les transformateurs sont pour moi du junk food.

vendredi 29 juin 2007

Tel père, tel fils, version CIA

Tous ceux qui défendaient les vertus des États-Unis hier en ont eu une en plein dans les dents. En effet, la publication des joyaux de famille de la CIA (documents secrets détaillant nombre de comportements scandaleux et illégaux de la CIA pendant ses 25 premières années d’existence) rend la tâche presqu’impossible à quiconque voudrait les défendre.

Pas qu’il soit nécessaire ou logique de le faire. Mais enfin.

La question qui se pose naturellement alors est simple. Si la CIA était une agence incroyablement brutale pendant les années 70, qu’est-elle aujourd’hui? Un service de garderie? Bien sur, les détracteurs de ce document et la CIA elle-même s’empressent de nous dire que ces documents ont été libérés pour prouver que la CIA a changé, qu’elle n’est plus la même. Qu’elle lave plus blanc, quoi.

Hum… je ne crois rien de cette affirmation.

Au contraire, nous savons – et nous avons les faits pour le prouver – que la CIA et beaucoup d’autres agences telles le FBI et la NSA sont encore et toujours du côté « noir » de la loi. Que penser de Guantanamo, du transport de suspects dans des bases outre-mer pour « questionnement » et du cas de Maher Arar, qui a fait couler beaucoup d’encre? Il faut en penser qu’une fois le chemin facile emprunté, il devient de plus en plus dur de se redresser. Et n’ayant vu aucun méa culpa de la part de ces agences, il est clair que toutes ces promesses de redressement ne sont que poudre aux yeux.

Enfin. Tout ceci ne m’empêchera pas de goûter à cette victoire. Les étasuniens ont à leur tête des organisations viles et corrompues. À tous les jours la preuve nous en est faite. Et aujourd’hui cette preuve est écrite, en noir sur blanc. C’est donc à elles de s’excuser publiquement s’il existe un véritable désir de changement. Personnellement, je choisis de ne pas retenir mon souffle mais allez-y à cœur joie si ça vous chante …

Le cœur d’or noir des pétrolières

Cette semaine, nouvelle page du feuilleton de la dépendance au pétrole. Après une minutieuse analyse, l’ICPP (l'Institut canadien des produits pétroliers) a conclu qu’il y a trop de stations d’essence au Québec (!). Bien sur le fait que cette analyse soit faite par un institut « indépendant » est une manière habile d’éviter qu’on parle d’oligopole; les grands producteurs ne se sont pas entendus en secret sur une réduction des points de vente mais ils sont tous d’accord avec l’étude publiée par un organisme indépendant (…).

Et si ce n’était que ça. Fermer des stations d’essence est, malgré un communiqué de presse enthousiaste, un assaut frontal sur le Québec et tous ses citoyens, rien de moins.

En un premier temps, moins de stations d’essence veut dire plus de trajet à parcourir pour faire le plein. Donc nécessairement plus d’essence gaspillée, plus de pollution et tout ceci aux frais du consommateur. Et pas bon pour Kyoto en plus de ça.

C’est aussi une manière certaine de réduire la compétition. Malgré les prix planchers, le principe de compétition reste un facteur déterminant dans notre économie. Un groupe d’entreprises qui s’entendent pour réduire la compétition en créant de la rareté devient un oligopole, peu importe la forme que prend cette entente.

Finalement une réduction des stations d’essence est, à coup sur, une réduction dans le réinvestissement local, et pour plusieurs raisons. Moins de stations veut dire mise à pied massive de personnel, un réseau de distribution qui requiert moins de camionneurs et finalement moins de taxes foncières. Trois pertes qui reviendront hanter le contribuable par la bande. Pendant ce temps, l’industrie engrange des profits astronomiques et ne souffre nullement de quelques stations additionnelles (voir étude de Léo-Paul Lauzon sur cette question).

Un petit baume toutefois. Si jamais une réduction des stations d’essence est effectuée, l’ICPP prévoit une baisse spectaculaire de 1,5¢ le litre. Décidément, il y a des économistes qui gagneraient bien leur vie en tant qu’humoristes. Mais sur tous les autres points, les québécois y sont grands perdants. Toute personne vous disant le contraire est de mauvaise foi ou vous ment.

Finalement, sachant que l’industrie du pétrole a racheté presque toutes les actions dans les dernières années et sachant qu’elle a déjà créé de la rareté en fermant plusieurs de ses raffineries, cette dernière étude confirme son manque de respect pour ses clients. Et elle confirme aussi la présence d’un oligopole, quoi qu’en dise les études de la régie de l’énergie et les relationnistes de presse.

mercredi 27 juin 2007

Le cycle de la guerre

En réponse à l'article de Ricardo Codina, "Oui à la mission du Canada en Afghanistan"

Cher disciple de Harper,

Il apparaît évident que vous croyez, au même titre de tous ceux qui sont fascinés par l’équipement et le langage guerrier, que tout peut se régler à coup de canon.

Une vision que la grande majorité ne partage pas … Dieu merci!

Et pour cause. À part les guerres génocidaires, chaque conflit armé crée une vague de force égale qui revient, tôt ou tard. La loi du Talion (œil pour œil, dent pour dent) en fait d’ailleurs foi – de la Sicile à Hongkong en passant par Budapest, on s’est échangé victime pour victime, dans un conflit sans fin où on est convaincu que l’adversaire est l’instigateur initial. En d’autres mots un labyrinthe infernal que chaque campagne militaire agrandit.

D’ailleurs, la vague actuelle qui sévit en Afghanistan est le résultat de l’entraînement et du financement des moudjahidine par l’oncle Sam; ces soldats ont humilié les Russes mais ils ont aussi laissé derrière eux un pays ruiné, ce qui a poussé sa population dans les bras des talibans.

Et aujourd’hui le Canada fait office de femme de ménage de l’OTAN. Mais par crainte du ridicule, Harper envoie en Afghanistan des militaires plutôt que de l’aide humanitaire, question de sauver la face vis-à-vis tous les pays guerriers alignés.

Et les afghans, entraînés dans le cycle de la guerre par nos alliés, ne se font pas prier pour faire tourner la roue et nous renvoyer la monnaie

mardi 26 juin 2007

Liberté au bout d’un photo-radar

En réplique à un article de Patrick Lagacé: La fin du carnage routier?

Je ne partage pas votre enthousiasme monsieur Lagacé. Au contraire, je ne vois qu’un politicien en manque d’attention qui se fait du capital politique sur les victimes de la route. Et il vous roule royalement en vous proposant une solution de pacotille, qui n’a d’intérêt que le fait qu’elle soit très payante.

Très payante premièrement parce que le photo-radar ne considère aucune circonstance atténuante, et parce qu’elle sert aussi à enlever les policiers de la route. Ce qui finit par nuire à la sécurité, qui était le point de départ de cette croisade.

Mais ce n’est pas tout. Ce n’est pas pour rien que nos élus tentent de nous faire accepter les photo-radars sur nos routes. Car en bordure de cette solution « magique » se trouve des effets secondaires « utiles » pour un état policier : difficiles à contester, les contraventions envoyées par le photo-radar arrivent plusieurs jours après l’infraction, ce qui nous nuit dans l’établissement d’une défense convenable. Un photo-radar n’a aucun problème à envoyer une nouvelle contravention à la même personne 5, 10, 15 jours de suite et ne vous donne pas la chance d’amender votre comportement, ce qui est vachement payant. Le photo-radar peut également servir, comme c’est le cas en Angleterre, à évaluer le trajet des automobilistes à leur insu. Ah merci, on a vraiment besoin de ça.

Et puis un photo-radar c’est con. Si vous dépassez – et il faut aller plus vite que la limite de vitesse pour dépasser, non? - il s’en balance. C’était à vous de dépasser ailleurs. La limite c’est la limite. Si vous dépassez d’un poil, vous êtes coupable. Et pour que le tout soit rentable, ce poil sera assorti d’une amende administrative. Les coiffeurs feront fortune.

Mais le pire dans tout ça c’est l’impact dévastateur du photo-radar sur le plaisir de conduire. Pour une poignée d’imbéciles, vous êtes absolument d’accord pour transformer la conduite automobile en enfer; sans cesse préoccupés par les trappes radar cachées, nous regarderons notre vitesse plus que la route, nous conduirons stressés et nous deviendrons les champions du monde de la mort par tachymètre.

Rendre la route plus sécuritaire? Absolument. Mais un gros « F » au crétin que décide de le faire en punissant le bon automobiliste qui ne cause pas d’accidents. Oui en rétrospective on y reconnait la signature immanquable de Charest, qui tente de nous faire à croire qu’il pense aux citoyens alors qu’il n’en a que pour l’économie.