mardi 26 juin 2007

Liberté au bout d’un photo-radar

En réplique à un article de Patrick Lagacé: La fin du carnage routier?

Je ne partage pas votre enthousiasme monsieur Lagacé. Au contraire, je ne vois qu’un politicien en manque d’attention qui se fait du capital politique sur les victimes de la route. Et il vous roule royalement en vous proposant une solution de pacotille, qui n’a d’intérêt que le fait qu’elle soit très payante.

Très payante premièrement parce que le photo-radar ne considère aucune circonstance atténuante, et parce qu’elle sert aussi à enlever les policiers de la route. Ce qui finit par nuire à la sécurité, qui était le point de départ de cette croisade.

Mais ce n’est pas tout. Ce n’est pas pour rien que nos élus tentent de nous faire accepter les photo-radars sur nos routes. Car en bordure de cette solution « magique » se trouve des effets secondaires « utiles » pour un état policier : difficiles à contester, les contraventions envoyées par le photo-radar arrivent plusieurs jours après l’infraction, ce qui nous nuit dans l’établissement d’une défense convenable. Un photo-radar n’a aucun problème à envoyer une nouvelle contravention à la même personne 5, 10, 15 jours de suite et ne vous donne pas la chance d’amender votre comportement, ce qui est vachement payant. Le photo-radar peut également servir, comme c’est le cas en Angleterre, à évaluer le trajet des automobilistes à leur insu. Ah merci, on a vraiment besoin de ça.

Et puis un photo-radar c’est con. Si vous dépassez – et il faut aller plus vite que la limite de vitesse pour dépasser, non? - il s’en balance. C’était à vous de dépasser ailleurs. La limite c’est la limite. Si vous dépassez d’un poil, vous êtes coupable. Et pour que le tout soit rentable, ce poil sera assorti d’une amende administrative. Les coiffeurs feront fortune.

Mais le pire dans tout ça c’est l’impact dévastateur du photo-radar sur le plaisir de conduire. Pour une poignée d’imbéciles, vous êtes absolument d’accord pour transformer la conduite automobile en enfer; sans cesse préoccupés par les trappes radar cachées, nous regarderons notre vitesse plus que la route, nous conduirons stressés et nous deviendrons les champions du monde de la mort par tachymètre.

Rendre la route plus sécuritaire? Absolument. Mais un gros « F » au crétin que décide de le faire en punissant le bon automobiliste qui ne cause pas d’accidents. Oui en rétrospective on y reconnait la signature immanquable de Charest, qui tente de nous faire à croire qu’il pense aux citoyens alors qu’il n’en a que pour l’économie.

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