vendredi 29 juin 2007

Le cœur d’or noir des pétrolières

Cette semaine, nouvelle page du feuilleton de la dépendance au pétrole. Après une minutieuse analyse, l’ICPP (l'Institut canadien des produits pétroliers) a conclu qu’il y a trop de stations d’essence au Québec (!). Bien sur le fait que cette analyse soit faite par un institut « indépendant » est une manière habile d’éviter qu’on parle d’oligopole; les grands producteurs ne se sont pas entendus en secret sur une réduction des points de vente mais ils sont tous d’accord avec l’étude publiée par un organisme indépendant (…).

Et si ce n’était que ça. Fermer des stations d’essence est, malgré un communiqué de presse enthousiaste, un assaut frontal sur le Québec et tous ses citoyens, rien de moins.

En un premier temps, moins de stations d’essence veut dire plus de trajet à parcourir pour faire le plein. Donc nécessairement plus d’essence gaspillée, plus de pollution et tout ceci aux frais du consommateur. Et pas bon pour Kyoto en plus de ça.

C’est aussi une manière certaine de réduire la compétition. Malgré les prix planchers, le principe de compétition reste un facteur déterminant dans notre économie. Un groupe d’entreprises qui s’entendent pour réduire la compétition en créant de la rareté devient un oligopole, peu importe la forme que prend cette entente.

Finalement une réduction des stations d’essence est, à coup sur, une réduction dans le réinvestissement local, et pour plusieurs raisons. Moins de stations veut dire mise à pied massive de personnel, un réseau de distribution qui requiert moins de camionneurs et finalement moins de taxes foncières. Trois pertes qui reviendront hanter le contribuable par la bande. Pendant ce temps, l’industrie engrange des profits astronomiques et ne souffre nullement de quelques stations additionnelles (voir étude de Léo-Paul Lauzon sur cette question).

Un petit baume toutefois. Si jamais une réduction des stations d’essence est effectuée, l’ICPP prévoit une baisse spectaculaire de 1,5¢ le litre. Décidément, il y a des économistes qui gagneraient bien leur vie en tant qu’humoristes. Mais sur tous les autres points, les québécois y sont grands perdants. Toute personne vous disant le contraire est de mauvaise foi ou vous ment.

Finalement, sachant que l’industrie du pétrole a racheté presque toutes les actions dans les dernières années et sachant qu’elle a déjà créé de la rareté en fermant plusieurs de ses raffineries, cette dernière étude confirme son manque de respect pour ses clients. Et elle confirme aussi la présence d’un oligopole, quoi qu’en dise les études de la régie de l’énergie et les relationnistes de presse.

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